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Vieux-Mareuil la médiévale

Vieux Mareuil la médièvale

 

 DEpuis les publications  des archeologues Gustave CHAUVET , adrien blanchet, GABrIEL CHAUMETTE et celles des speleologues perigourdins dans la revue « speleo-DORDOGNE » on savait VIEUX-Mareuil riche d'un important patrimoine troglodytique medieval. CONFIRMATION AVEC DE NOUVELLES DECOUVERTES.

 

Regroupés, sans doute abusivement, sous la terminologie générique de « Cluzeaux » les souterrains creusés sous le niveau du sol et les cavités troglodytiques aménagées à flanc d'escarpement rocheux sont innombrables en Périgord. Si l'usage des premiers – refuges-cachettes ou lieux de cultes hétérodoxes ou déviants, reste encore un sujet de controverses on ne discute plus guère, en revanche , aujourd'hui, de leur attribution chronologique à la période médiévale :fouilles, trouvailles d'objets usuels, et plus rarement, de décors rupestres ornant leurs parois… attestent l'appartenance de ces curieux et attachants monuments en creux à cette époque , déjà lointaine, de notre histoire.

Habitats, étables, entrepôts telles ont été, à la même époque sans doute, les destinations des sites du second groupe.  leur abondance en rive gauche de la Belle suggèrent une mise en valeur soutenue de la vallée et de ses talwegs affluents  ainsi qu'une densité de population pas vraiment étonnante en raison d'un cadre géographique favorable aux activités agricoles et aux déplacements humains.

A proximité immédiate du bourg de Vieux Mareuil et sur le flanc est du vallon qu'emprunte la route conduisant à Léguillac de Cercles,  le cluzeau du Roc de Rap (1) développe ses salles et galeries à l'intérieur d'une assise de calcaire Angoumien. C'est un vaste ensemble troglodytique décrit pour la première fois par Gustave Chauvet en 1880. l'archéologue Charentais estime qu'il s'agit là « d'une véritable forteresse, devant laquelle il existait autrefois des constructions, indiquées par de nombreuses entailles carrées dont le rocher est criblé et qui servait à loger des poutres. » l'Observation n'est pas anodine même si elle peut se faire très fréquemment ; elle témoigne du fait que le « bâti» est complémentaire du « creusé » et que de véritables fermes , dont les cluzeaux ne sont que les dépendances ou prolongements souterrains , s'adossaient initialement au pied des abrupts ou couronnaient leur sommet. La mise en évidence de ces témoins mineurs ; larmiers, boulins, embouchure de silo extérieur isolé…,conduit parfois à de nouvelles découvertes. Ce fut le cas en 1985 ou, dans les bois de Halas qui s'étendent au sud du château de Jovelle, dans la commune de La Tour Blanche, l'orifice ,en partie masqué par les broussailles, d'une fosse ovoïde devait amener la mise au jour d'une grange en abritant 9 au total et dont le plan put être reconstitué grâce aux trous de poteaux révélés par la fouille du site. Construite en bois, terre et chaume la structure avait complètement disparu et la végétation s'apprêtait à la rendre définitivement invisible ! Dans cette région de Vieux Mareuil qui a longtemps fait l'objet d'une extraction massive du matériau calcaire bien d'autres indices ont du disparaître sous le pic et la scie des carriers .

La grange médiévale du Chanet, que ne citent ni Chauvet, ni Blanchet ni l'Abbé Chaumette, pourtant l'un des meilleurs connaisseurs de ce terroir, a pour l'essentiel été emportée par la création d'un chemin desservant le lieu dit voisin baptisé… mais cela relève t il vraiment d'une coïncidence ?  « grange neuve » ! Extérieurement, de cette grange primitive dont il est difficile de déduire l'importance initiale, ,  ne subsistent que les faces postérieures de 3 silos, modestes vestiges rupestres, formant concavités dans le banc rocheux. Très certainement leur nombre devait être beaucoup plus élevé et l'aménagement de l'édifice plus complexe qu'à Jovelle puisqu'en effet un souterrain y était associé. Son entrée ,toujours ouverte entre les empreintes des fosses, dessert un corridor  coudé très fortement déclive et conduisant à 4 ms sous la surface à un petite salle ayant crevé la paroi d'un quatrième silo dont la voûte est obturée par plusieurs dalles.

 

 

 Il serait intéressant d'entreprendre des sondages dans le jardin qui surmonte les vestiges de cet ancien bâtiment. Peut être y découvrirait-on d'autres orifices enfouis susceptibles de nous en préciser l'architecture réelle.   

Dans ce même secteur,  une autre structure comparable est reconnaissable pour peu qu'on ose affronter le roncier qui la dissimule au regard. Elle se compose d'un abri sous roche artificiel creusé à l'intérieur d'un petit escarpement calcaire et sur le replat extérieur duquel une fosse ovoïde a été mise en évidence. Il ne fait aucun doute que d'autres silos existent à la périphérie de celle ci ; un simple mais difficile débroussaillement en apporterait la preuve.

 Un peu plus à l'ouest et au nord du hameau de Brégnac une troisième grange de ce type a été découverte .Elle s'inscrit dans un riche environnement troglodytique( habitats, abris… témoignant de l'importance de la communauté qui les occupait ) justifiant tout à la fois sa présence et sa taille. Une nouvelle fois , du fait de l'exploitation de l'horizon rocheux  au sein duquel  ses fondations rupestres et ses silos ont été creusés elle a bien failli disparaître à jamais. Comme au Chanet le front de taille d'une petite et très ancienne carrière conserve les empreintes de la face postérieure de trois fosses. Sur le replat supérieur 4 nouveaux silos, deux d'entre eux encore obturés par une voûte en pierres sèches et assemblage de dalles, ont pu être observés ainsi que des trous de poteaux. La répartition de ces aménagements laissent supposer qu'on est là en présence d'un vaste bâtiment , servant au stockage des céréales, tout à fait comparable aux granges du bois de Halas et de Mistouri, cette dernière également située dans la commune de La Tour Blanche comptant , quant à elle, une vingtaine de silos.

La déprise agricole contemporaine favorise le reboisement progressif des landes calcicoles ou l'on pouvait, plus aisément auparavant, discerner  les traces de tels entrepôts ;  c'est dire l'intérêt des prospections effectuées actuellement (2) qui ont conduit en outre à la mise au jour d'un cimetière rupestre jusqu'alors inconnu.

Dans le bassin de la Dronne  ces sépultures creusées dans le rocher sont présentes prés de Paussac dans les plaines de Puy Chaud ainsi qu' à Puy Fromage, on en connaît d'autres à Saint Pardoux de Mareuil mais les seules à avoir bénéficié d'une fouille rationnelle semble bien être celles de Fongrenon entre La Tour Blanche et Léguillac qui livrèrent au Marquis de Fayolle un intéressant mobilier mérovingien  .

 C'est à proximité du hameau des Combettes  et toujours en rive gauche de la Belle que le nouveau site Mareuillais a été trouvé; il est composé de 5 tombes orientées au levant, de forme trapézoïdale, peu profondes, longues d'1,70 m environ et vides de tout contenu. Un décapage de la couverture végétale et  du maigre sol qui masque le socle rocheux autoriserait sans doute des découvertes supplémentaires…

Enfin, non loin de là, à 200 ms des Coufourches un panneau de gravures pariétales tracé à la voûte d'une galerie karstique sommairement remaniée évoque plus une création médiévale qu'une œuvre datant de l'age du Bronze voire  du paléolithique supérieur.(3)

 En rive droite, d'autres cavités troglodytiques artificielles ou aménagées aux dépens de grottes préexistantes ont été repérées  et parfois publiées comme celles de  La Beynichie, de Rouchatoux, de Chavaroche,  Fronsac et Les Plagnes… L'étude de ces zones se poursuit ; d'autres trouvailles sont encore à attendre mais d'ores et déjà il semble bien que le secteur ait connu, il y mille ans et plus , une occupation du sol significative de vitalité démographique  et pourquoi pas d'essor économique ?

 

(1)         Dans ses notes l'abbé Gabriel Chaumette utilise la graphie Rape.  Aujourd'hui le « e » a disparu sous la plume de B et G Delluc. C'est sous cette forme que M.Hardy en 1888, suivi par Adrien Blanchet en 1923, avait publié un autre cluzeau  dit du Pey de Rap, alors ouvert dans la commune de St Léon sur l'Isle.

(2)          

Entre Saint Pancrace et Quinsac une grange inédite a été répertoriée ; 2 orifices de silos sont encore visibles au sol rocheux d'une petite terrasse envahie par la végétation

 

(3)         Ces graphismes rupestres ont d'autres équivalents comme ceux découverts dans le milieu des années 80 , par Ch. Carcauzon, dans la grotte du Cluzeau à Coutures et celle de La Geyrie dans la commune de Léguillac de Cercles ou , à même le remplissage, des fins tessons de céramique médiévale ont été observés dans chacun des 2 étages de la cavité

 

 

 

 

Pour en connaître un peu plus

Adrien Blanchet : Les souterrains-refuges de la France  Picard  1983 réimpression  de l'édition de 1923

Ch . Carcauzon : Découvertes souterraines en Périgord  Le Roc de Bourzac 1991

Ch .Carcauzon : La grange médiévale du bois de Halas revue archéologique sites N° 36-37 pp 29-35  4 pl H.T.1988

G. Chauvet : Notes d'archéologie préhistorique  ( canton de Mareuil sur Belle) Sté archéologique et historique de la Charente 1881

Abbé Gabriel Chaumette : Monuments mégalithiques et cluseaux de la région de Paussac .BSHAP  Tome 89 pp 19-30  1962

B & G Delluc : Graphismes rupestres non paléolithiques du Périgord  Archéologie 24  1975

Fayolle( marquis de ) Le cimetière de  Fongrenon B.S.H.A.P 1910 Tome 37 P 351 &  438

 

 

 

 



03/09/2005
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