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ARGENTINE


La spiranthe d'automne

Les scabieuses et les campanules ponctuent de leurs fleurs bleues, mauves et violines les arides pelouses xérophiles du plateau et les azurés, les fluorés et les paons du jour papillonnent encore pourchassant inlassablement une compagne qui mime la fuite. … On pourrait toujours, le souffle chaud de la brise aidant, se croire en plein été. Pourtant les colchiques ont déjà pointé le bout de leur nez dans la vallée et sur l'échine calcaire qui domine les paresseux méandres de la Lizonne, la spiranthe d'automne a fait, depuis peu, son apparition. 

Cette orchidée, la plus tardive des espèces locales, signe la fin de la belle saison. Si elle était haute comme trois pommes, on la remarquerait, elle qui se signale par sa tige tirebouchonnée sur laquelle se greffent ses délicates inflorescences, dont le labelle teinté de jaune se distingue des autres pétales d'un blanc subtilement mêlé de vert très pâle comme celui des jeunes clochettes du muguet.

Sa taille qui varie de 5 à 15 centimètres la rend cependant discrète et lui assure une protection propre à triompher des recherches de bien des botanistes amateurs pressés. Sur quelques arpents de cailloux grisâtres disputés aux herbes rases, aux mousses et aux lichens, elle et ses semblables se sont malgré tout donné rendez-vous par centaines en quelques jours. Menues, fragiles mais obstinées … déterminées à annoncer les derniers embrasements de septembre comme la primevère sait se faire le héraut d'avril.

En Asie le blanc, c'est la couleur du deuil et la spiranthe qui l'a adoptée évoque aussi l'approche du long engourdissement de la nature. La marée des froidures sèches ou humides, va bientôt submerger le causse et les quelques jours d'éternité dont jouissent ces modestes orchidées leur servent à donner le change et à nous préparer au pire, c'est-à-dire à la disparition de leur timide sourire. Après elles, dans leur famille, il n'y aura plus, jusqu'au printemps, de relève ! Ça fait quand même six mois cette affaire !

            Il est terriblement long à venir le temps des fleurs quand on guette impatiemment leur venue, il est terriblement bref quand on s'alarme de leur disparition prochaine


05/09/2011
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Cluzeaux d'Argentine : mutilations annoncées !

Daté de janvier 2011, le bulletin municipal N°30 de La Rochebeaucourt  l’assure : les « Cluzeaux d’Argentine (seront) bientôt sécurisés ». Les fidèles lecteurs de ce blog savent déjà (voir liens ci-dessous) que  derrière cette   information se profile la mutilation  d’un des plus exceptionnels sites troglodytiques de Dordogne sacrifié sur l’ autel du tourisme de masse.

Ainsi donc, cette commune en perdition du Périgord vert ( la localité éponyme est privée d’épicerie, de boulangerie (1) et a sauvé cette année de justesse son école promise à une prochaine fermeture) va engager des travaux coûteux et absolument injustifiés au plan économique et culturel pour permettre la visite gratuite de ce site archéologique médiéval à des randonneurs dépourvus d’allant physique !

L’intérêt des cluzeaux médiévaux d’Argentine réside dans la présence de nombreux sarcophages et silos   creusés à même le sol d’excavations karstiques initiales. Ces fosses contiguës dont certaines dépassent une profondeur de 3 mètres peuvent occasionner de multiples accidents et l’absence de garde-corps préservant le visiteur d’une chute au pied de la falaise qui abrite les salles funéraires ou d’ensilage multiplie les risques encourus. En conséquence barrières, rampes, rambardes seront scellées dans les parois rocheuses  et ces installations, drainant l'humidité et les eaux de ruissellement favoriseront la gélifraction fragilisant à terme un monument rupestre alors dénaturé.

De nombreuses photos des cluzeaux d'Argentine sont accessibles en cliquant sur Patrimoine/archéologie & Argentine & divers

La progression dans le couloir bifide d’accès à ces cavités est particulièrement délicate tant  l'usure de ses marches  multi-séculaires    le transforme en un véritable toboggan ; La hauteur de ce double conduit contraint par endroits les personnes de grande taille à courber la tête pour éviter des chocs violents contre la voûte … aussi faudra-t-il, vraisemblablement le surcreuser pour améliorer la progression de quelques « bobos » venus s’encanailler sous terre guidés par des histrions de la communauté de communes du Mareuillais ? 

 Les « bâtiments de France » qui gardent un silence inquiétant  autoriseront-ils ces aménagements plus que contestables? On peut le craindre car les fonctionnaires de ce service dit d’état si pointilleux, en matière du respect du patrimoine vis à vis des particuliers font preuve du plus grand laxisme lorsqu'ils ont affaire aux élus et aux collectivités locales !

Selon le dernier bulletin municipal une entreprise est venue sur place le 4 janvier dernier « pour inspecter la falaise ». Elle devrait d’ici peu rendre un avis jugé autorisé... Ses conclusions prendront-t-elles en considération la dangerosité avérée de celle de l’abbaye de Brantôme qui menace de s’effondrer sur la populace estivale, tiendra-t-il compte des éboulements ayant affecté, juste au dessus de la Dronne, le cluzeau de Chambre-Brune (Valeuil) ou le fort troglodytique de La Roque Gageac dont la sécurisation s’avère impossible ? Nul ne le sait pour l’heure.

Toujours est-il, puisque, en Périgord, les élus ont pour habitude de mettre la charrue avant les bœufs, qu’un plan de financement  a d’ores et déjà été mis sur pied quel que soit le résultat de l’enquête  technique préalable !

Les opposants au projet iconoclaste sont priés de la fermer… les décisions sont déjà prises !


À suivre…


(1) La mairie finance la création  d'une boulangerie… sans savoir si la mise à disposition, clef en main, d’un moderne outil de travail séduira un quelconque professionnel ! Si, par miracle, tel était le cas, celui-ci s'exposerait, faute de clientèle suffisante, à de graves difficultés financières. À La Roche, depuis 10 ans, 4 épiciers auront jeté l’éponge faute d’avoir été soutenus par une population attirée  par les grandes surfaces commerciales environnantes

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Argentine : un projet loufoque d'aménagement des cluzeaux !

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 La Communauté de communes du pays de Mareuil en Périgord ...dans ses oeuvres

LA MAISON DES CLUZEAUX

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Mareuil / La Maison des Cluzeaux : l'éclosion d'une coquille vide

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« Maison du patrimoine et des cluzeaux »

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Lire  surtout :« Ils n'en mouraient pas tous d'envie, mais tous en étaient frappés ». 

ou "Mai...aison, mai...aison" comme dirait E.T !

Article ajouté le 2008-01-14 , consulté 759 fois

 


12/01/2011
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Michel Vallade nous a quittés !

Michel Vallade nous a quittés !

 

Q

uand un vieillard meurt, c'est une bibliothèque qui brûle déclarait en 1960, à propos de l'immense richesse du patrimoine culturel oral africain, l'écrivain malien Hamadou Hampâté Bâ. Aucun autre hommage ne peut mieux  s'appliquer à la disparition prématurée de Michel Vallade (1) qui demeura longtemps, dans les trente glorieuses, l'unique habitant du hameau d'Argentine !

Celui qui était la mémoire vivante et alerte de ces arpents de causses arides dressés au dessus des prairies humides de la Lizonne vient de nous quitter, en ce mois de février, au terme d'un combat épuisant et douloureux contre la maladie. Il emporte avec lui mille secrets, mille connaissances intimes d'un plateau, bastion avancé du PNRPL, qui, il n'y a pas si longtemps, mais dans un autre temps et presque dans un autre monde, bruissait d'activité.

Michel Vallade , célibataire endurci  à voix de stentor, connaissait par cœur son domaine qu'il n'avait pratiquement jamais quitté, sauf durant la guerre d'Algérie. Arrivé à l'âge de trois ans à Argentine où son père devait exercer la profession de carrier puis faire valoir une propriété acquise peu à peu, c'est lui qui tout naturellement, son frère ayant choisi un  métier bien différent, reprit les rênes de l'exploitation familiale.

C' était un homme ouvert, à l'image de sa maison dont il ne fermait pratiquement jamais la porte à clef, et mieux encore un homme généreux. Toujours soucieux  du visiteur il aimait partager le pain, le vin,  ou le petit jaune sur un coin de la toile cirée qui recouvrait sa grande table de cuisine, tout en évoquant les heures enfuies ou en débattant de l'actualité la plus brûlante qui jusqu'aux derniers jours n'a cessée de le passionner !

 

               Michel Vallade croqué par son neveu Aurélien

En 78 ans d'existence celui qui par la force des choses fut, quelques décennies durant, l'unique résident du plateau, devait, le paradoxe n'est qu'apparent, traverser  trois siècles au moins d'histoire locale. Lorsqu'en 1935  ses parents vinrent s'établir à Argentine, le monde rural périgourdin, profondément meurtri par la grande guerre, vaquait encore au rythme du XIXème. Au sortir des années cinquante, d'autres bouleversements allaient se faire jour (arrivée de l'eau courante, mécanisation de l'outillage, remembrement et pour finir l'apparition du mitage si préjudiciable aux pelouses xérophiles).  Ils portaient en eux les ferments du démantèlement toujours en cours d'une culture traditionnelle longtemps respectueuse des milieux naturels que menacent dorénavant la déprise agricole et l'engouement pour le tourisme vert.

Témoin de transformations tantôt radicales, tantôt insidieuses, le fils du carrier venu de Sers, petit bourg de la Charente voisine, a connu l'apogée puis, hélas, le déclin économique et démographique de cette ancienne commune rattachée  contre son gré en 1827 à La Rochebeaucourt ! L'extraction du matériau calcaire, la culture des champignons de couches favorisées par l'existence d'une ligne chemin de fer, désaffectée en 1951, furent les principaux facteurs de son développement et de sa décadence entraînée par la concurrence et la perte de débouchés.

Cette saga villageoise et campagnarde Michel la popularisait volontiers, émaillant son récit d'images qui restent gravées dans le cerveau de ses interlocuteurs. L'évocation de ces files étirées de carriers, retour du travail, cheminant à la nuit tombée sur la route de La Roche à la lueur des étoiles et des lampes à carbure est inoubliable  et on regrette avec le conteur la disparition de ce petit débit de boissons, accoté au cimetière qui accueillait encore ses clients au milieu du siècle précédent et dont il ne reste maintenant que quelques pierres debout .

 

Lecteur impénitent il vivait au milieu des bouquins, des magazines et des journaux. Comme beaucoup de ses amis (enfin je suppose et j'espère qu'il me considérait ainsi) je poussais occasionnellement son huis pour lui offrir quelques publications qu'il n'aurait pas encore dévorées. Connaissant mon vif intérêt pour l'histoire locale et l'archéologie, penchant qu'il partageait, il me prêtait, de son côté, des documents inédits propres à satisfaire ma curiosité et c'est grâce à lui que j'ai fini par lire ce « Monsieur de Puyloubard »  qui m'a inspiré une chronique en ligne accessible en cliquant sur le lien en bleu.

De plus en plus sensible sur ses vieux jours à l'écologie il déplorait les inexorables atteintes à la biodiversité et posait un oeil critique sur la chasse,qui fut pourtant, avec la pêche, sa grande passion, telle qu'elle est actuellement pratiquée, (Jamais le causse n'a été aussi beau) . 

 Il y a quelques jours encore il évoquait avec regret ses cueillettes anciennes de morilles sur le versant septentrional du coteau  et me parlait, avec cette petite pointe d'exagération qui embellit les témoignages, de ces multitudes lézards ocellés qu'il observait voilà 40 ans «  ils étaient gros comme mon bras et quand ils se redressaient ils mettaient en fuite mon chien »

 En presque une décennie je n'ai eu le privilège que d'en croiser fugacement un seul alors même que les lézards verts se font pour leur part, de plus en plus rares.

 

Si mes premières déambulations sur le plateau d'Argentine, auquel conduisaient alors de simples chemins empierrés (2), datent de la fin des années soixante ce n'est qu'en 1985 que j'ai eu véritablement l'occasion de rencontrer Michel à la faveur d'une étude du pigeonnier rupestre toujours accessible aux abords des ruines de la maison forte dont il était propriétaire ; j'ignorais alors que 16 ans plus tard nous serions, mon épouse et moi, ses voisins et qu'une partie de notre vie allait se dérouler dans des espaces qui lui furent, auparavant, intimes ô combien !

 

En 2003, pour les besoins d'un article consacré au plateau, je m'étais longuement entretenu avec Michel Vallade. L'essentiel de ce que je sais du lieux et de ses alentours découle de confidences qu'il réitéra par la suite à maintes reprises. Il me fit connaître des toponymes maintenant oubliés, des sites inédits que j'ai, à sa suite, visités (3) grâce à ses informations ou que j'ai pu redécouvrir ultérieurement comme cette fontaine rupestre baptisée la coquille ou cet orifice ouvert  dans les bois des Renaudières qui se révéla être un silo annonciateur sûrement d'une grange médiévale. Il me conta aussi la légende des genoux de Saint-Martin  qui s'effiloche déjà dans la mémoire des  vieux rupebocurtiens …Lire Les genoux (du cheval) de Saint Martin

Bien sûr j'aurais pu recueillir quantité d'autres anecdotes, plus de souvenirs encore et davantage d'informations… Je ne l'ai pas fait à temps le croyant éternel. Il est dorénavant trop tard. Au moins aurais-je sauvegardé quelques feuillets de la bibliothèque.

Aujourd'hui le plateau est orphelin !

 

Dans une présentation d' Argentine publiée en mai 2003 dans le mensuel « Le Périgourdin », j'avais inclus un encadré titré « La mémoire du plateau » consacré à Michel. C'est ce texte que je vous invite à découvrir. Cliquez sur le lien suivant : LA MEMOIRE DU PLATEAU

 

 

(1)  ceux qui ont croisé son regard pétillant savent bien qu'à 78 ans il n'était pas un vieIllard… mais à peine un « ancien »

(2)  En 1972 un des auteurs de l'ouvrage collectif « Dordogne Périgord » publié chez Fanlac pouvait encore écrire ces lignes  à propos de l'église d'Argentine « Ravissante construction romane admirablement située, mais il est seulement  possible d'y accéder à pied. »

(3)  (Qui connaît la grotte de Bayard,  ou du Baillarge cet orge de printemps qui poussait peut-être jadis en contrebas dans la combe,  et celle du sureau dominant une certaine exsurgence trop obstruée hélas pour permettre d'accéder au ruisseau souterrain dont elle est un exutoire fossile  ?)

 

Cet article mis en ligne en page d'accueil le 10/2/2010 a été consulté des centaines de fois avant sa dépose en archives .

 

 

Michel s'en est allé, il a quitté Argentine mais n'en a pas disparu, sa mémoire reste vivante …. J'ai pour ma part une double peine, celle d'avoir perdu l'habitant de "ma" maison et celle de perdre un ami d'Argentine... et puis le regret de n'avoir pas eu le temps de l'inviter à souper dans "sa" maison (1). Je ne l'ai pas connu longtemps, mais je l'ai connu intensément,car cet homme avait sur le visage une marque de gentillesse et d'ouverture vers l'autre, un signe de confiance et d'amitié: le sourire vrai et sans fard... Seulement quand je suis allé le voir peu avant les derniers jours de décembre, son regard lumineux avait commencé à le quitter, et il avait des mots de tristesse et d'adieu. Adieu Michel, bonne nuit.

Vincent Bertaud du Chazeau

(1) ndlr  Vincent et Véronique sont depuis peu propriétaires de la maison qu'occupèrent longtemps Michel et ses parents.

Valentine et moi compatissons. Pour ceux qui n'ont pas chance d'avoir une foi en un au-delà, une disparition est toujours affligeante avec cette prise de conscience du jamais plus et de l'apparente inutilité de la vie. Nous espérons que ce n'est pas votre cas … voyez plutôt dans cette mort le repos dans une paix éternelle de l'homme juste.

Valentine et Gérard Huin.

 


19/02/2010
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LA MEMOIRE DU PLATEAU

LA MEMOIRE DU PLATEAU

 

 

Silhouette massive, démarche chaloupée, allure bourrue, casquette vissée sur le sommet du crâne, sourcils en broussaille , regard pétillant éclairant un visage mâtiné de Bernard
 Blier et de Michel Galabru, mégot de gris éternellement éteint au coin des lèvres, Michel Vallade  , 71 printemps, est une véritable réclame pour la gentillesse et la générosité ! C'est également la mémoire vivante du plateau d'Argentine et le conteur sensible d'une saga villageoise  dont il aura vécu toutes les péripéties depuis bientôt trois quart de siècle.

 

Michel Vallade croqué par son neveu Aurélien

 

«  Je suis arrivé sur le plateau à l'âge de 3 ans et ne l'ai quitté qu'à peine 24 mois pour mon service militaire et mon temps en Algérie ! « Mon père qui était originaire de Sers en Charente , ou il exerçait déjà la profession de carrier, est venu s'installer ici avec ma mère et mon frère André en 1935. 

Il avait loué une petite maison prés de l'église et pris en fermage des carrières  du coteau. Ensuite il a pu acheter 13 hectares de terrains  et travailler comme propriétaire exploitant. Il a employé jusqu'à 8 compagnons ; c'était un travail très dur, très pénible  qu'il payait à la tâche  comme c'était l'usage. Tant pour « chambrer » à la barre à mine   c'est à dire effectuer la découpe de la partie supérieur du bloc qu'il fallait extraire, tant pour «  faire péter le bahut » opération risquée qui consistait, une fois le sciage latéral  terminé, à détacher, par la base, le quartier de pierre, qu'on appelait «  la duelle », tant pour la construction  du talus  sur lequel il devait basculer sans se briser… Mon père fatigué et malade  n'a pas pu poursuivre son activité après 39 .

Après la déclaration de guerre , la défaite, l'occupation  a suivi : je me souviens comme si c'était hier  de l'arrivée des Allemands à La Rochebeaucourt . Tout le monde les attendait par la route d'Angoulême ils sont venus par celle de  Ribérac. Ils étaient plusieurs centaines avec à leur tête un commandant . Ils se sont installés au château  qu'un incendie accidentel devait ravager entièrement en février 41. Presque aussitôt ils ont mis en place la ligne de démarcation .Argentine était tout d'abord restée en « zone libre »  mais bien vite elle a été incluse dans la zone occupée, comme la Roche. »

            Un des tout  premiers actes de résistance dans la région a eu pour cadre Argentine :

 «Les allemands étaient venus visiter les « grottes » qui s'ouvrent dans la falaise et comme ils descendaient l'escalier qui y mène ils se sont fait bombarder de pierres par le propriétaire M.Coussy.  Sous la mitraille  d'une riposte musclée,  il est parvenu à   prendre la fuite. Mais le lendemain , alors que ma mère allait livrer du lait   au bourg,  les soldats l'ont prise en otage et incarcérée .Elle est restée emprisonnée une dizaine de jours au château où j'allais lui apporter ses repas. Ensuite M.Coussy a été arrêté, condamné à 6 mois de détention et ma mère libérée. Plus tard, les troupes sont parties et des douaniers leur ont succédé : curieusement ils sont restés sur place bien longtemps après la  suppression de la ligne de démarcation.

C'est , au début,  surtout que l'occupation a été difficile à vivre sur le plan matériel ; mais bien vite on a appris à se débrouiller  .Chacun avait ses astuces et ses adresses pour l'huile, ..la farine… les produits de première nécessité . Il fallait s'entraider car il n'y avait jamais eu autant de monde sur le plateau ; toutes les maisons  - même celles qui étaient restées abandonnées pendant des années , accueillaient  des familles entières de réfugiés. Chez nous on en a hébergé plusieurs…auxquels mes parents avaient même laissé leur chambre ! Avec la constitution des premiers noyaux de résistants sont arrivés les premiers parachutages d'armes et de munitions. Ils  s'effectuaient  tout au bout du plateau vers le « renfermé »  (1).La nuit on entendait le bruit des avions et le matin , sur les chemins boueux, ont voyait les traces de roues des voitures qui étaient venues réceptionner les colis  Comme partout des résistants il y en a eu beaucoup  plus a partir de l'été 44… ! 

Au moment de la débâcle  j'ai assisté à l'exécution des derniers soldats allemands qu'on ait vu dans le coin ; leur véhicule était tombé en panne  un peu avant la route des Fieux  au pied  du promontoire d'Argentine .La plupart étaient allés boire un coup  au petit bistrot  ouvert alors  sur le bord de la route de Ribérac. Quand ils sont revenus les maquisards les attendaient  et les ont tous tué .A quoi tient la vie ! Une pause trop longue au café !

Pour nous les enfants cette période fut sûrement moins traumatisante que pour les adultes . On  aidait nos parents  mais les tâches qu'ils nous imposaient  tournaient souvent au jeu .On conduisait, en petits groupes de copains et copines les vaches et les moutons au prés  jusqu' à l'Echanleuil  un hameau quand même distant de plus de 4 kilomètres et évidemment la surveillance était plutôt relâchée ! Il nous arrivait parfois d'aller jusqu'aux abords de Mareuil … à la recherche de cerisiers à piller.

 A la libération  les réfugiés sont partis, l'activité des carrières n'a plus jamais retrouvé le niveau d'avant  guerre et les champignonnières ont vu fondre leurs effectifs. Mon frère a quitté la région ; lui qui travaillait dans une scierie de La Roche s'était fait embaucher par une entreprise qui procédait  au démantèlement  de la ligne ferroviaire Marmande-Angoulême et au sein de laquelle il a gravi des échelons.  Moi j'ai exploité notre propriété familiale .Elevage , une quinzaine de vaches, et culture du tabac. l'absence d'eau courante ne simplifiait pas les choses .A Argentine le raccordement au réseau a été très tardif… peut être un des derniers villages du département a en avoir bénéficié. Mais il  y avait les amis, la chasse la pêche, la « société musicale »  et  mon poste de conseiller municipal … pendant 18 ans ! J'avais acheté une maison au bourg pour y passer ma retraite … finalement je l'ai revendue et je suis resté sur le plateau ! » 

 

(1)   Lire : Le Renfermé : Sur le plateau d'Argentine un site exceptionnel promis à la destruction

 

Ch.C Avril 2003

 

 

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09/02/2010
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Argentine : un projet loufoque d'aménagement des cluzeaux !

A

rgentine possède un exceptionnel patrimoine architectural et archéologique troglodytique mis, pour partie, en lumière par le chercheur charentais Gustave Chauvet. (Notes d'archéologie préhistorique canton de Mareuil-sur-Belle Société archéologique et historique de la Charente 1881) Celui-ci se compose de 5 cavités creusées à flanc d'escarpements rocheux à partir d'excavations naturelles  karstiques. D'est en Ouest on dénombre 2 vastes salles accessibles par un escalier rupestre bifide qui furent converties en entrepôts céréaliers puis, pour la première, en nécropole,  une grotte retaillée sous jacente qui  servit d'étable,  plus loin, un remarquable pigeonnier souterrain conservant 80 boulins et enfin foré dans le sous sol d'une aile disparue du château, simple maison forte du XIVème en réalité, un puits de 10 mètres dont les soubassements suggèrent une hypothétique  fonction de glacière.

Depuis longtemps l'intérêt des deux premières cavités  incite les  propriétaires  et les élus à se lancer dans leur aménagement touristique . Aujourd'hui, un projet supervisé par la mairie de La Rochebeaucourt serait en voie de finalisation.

Officiellement interdite par arrêté municipal la visite des « cluzeaux » (nom vernaculaire de ces cavités anthropiquement remaniées) pourrait être autorisée après travaux (effectués aux frais du contribuable mais sans retour financier puisque l'accès demeurerait libre et gratuit) et avis favorable de la commission de sécurité.   Le gros souci des responsables c'est de faire en sorte que la découverte du site soit, autant que possible, dépourvue de danger. Pour parvenir à cet objectif irréaliste il faudrait bétonner des dizaines de marches séculaires dégradées, entourer sarcophages et silos de barrières de protection et sceller des garde-corps devant les porches béants des cavités… autrement dit, compte tenu de l'impact désastreux de ces interventions, cela reviendrait à réduire à néant toute l'authenticité de ce précieux patrimoine. Soucieux de sa préservation les Bâtiments de France et la Direction des Antiquités Historiques d'Aquitaine ne devraient pas, sauf à renier leur mission, autoriser cette opération iconoclaste

  

Photos Ch.Carcauzon reproduction interdite

Plus de photos dans l'album : Patrimoine/archéologie

Lire aussi :Argentine : une flèche pointe son nez !

Selon Libération La taxe d'habitation pourrait augmenter pour 3,6 millions de foyers. Bien entendu la Dordogne n'échappera pas à cette hausse moyenne voisine de 100 euros qui pénalisera prioritairement les ménages modestes des communes ou communautés de communes les moins riches.  Paradoxalement ces  mêmes collectivités locales sont souvent les plus dépensières et elles n'hésitent pas à s'endetter pour financer des travaux et des projets sans intérêt ( ou d'intérêt fortement discutable) dont le coût sera intégralement supporté par le contribuable.

Il en est ainsi à La Rochebeaucourt qui souhaite « sécuriser » (sic) les cluzeaux d'Argentine afin de les ouvrir aux touristes. Le montant de cette opération iconoclaste préjudiciable à cet exceptionnel site troglodytique n'est pas encore connu… mais il sera sans doute exorbitant et sans aucune retombée économique pour la commune qui envisage de préserver la gratuité de sa visite ; rappelons, au passage, que La Rochebeaucourt a perdu, depuis trop longtemps, son unique épicerie et sa seule boulangerie… Question priorité on s'y entend dans le funeste canton de Mareuil dont le conseiller général PS Couvy va, par ailleurs, plomber les finances et faire exploser la fiscalité en inaugurant prochainement une « Maison des Cluzeaux » … uniquement profitable à quelques « clients » des coteries socialo-maçonniques vernaculaires chargés d'y brasser de l'air auprès de rares passants en juillet et en août !

L'exemple venant d'en haut, le CG24 en l'occurrence qui dilapide les deniers publics dans l'entretien de sa danseuse, le Pôle International (resic) de Préhistoire (des Eyzies exclusivement comptant 24 parasites salariés), on ne pouvait attendre moins des élus du Périgord vert méridional !

Ch.C le 10/8/2010

 

 

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01/02/2010
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