PATRIMOINE
Cercles / Le moulin de La Coulaude
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Deux châteaux en Périgord vert : Bernardières et Richemont
LES BERNARDIERES ET RICHEMONT DEUX CHATEAUX EN PERIGORD VERT
Au pays des mille et un châteaux, l'amateur de vieilles pierres a le tournis ; tant de monuments le sollicitent qu'il éprouve quelque difficulté à faire son choix . « Le Périgourdin » lui suggère de faire étape aux Bernardières et à Richemont. Dans le nord du département ces lieux chargés d'histoire ouvrent leur porte en été pour des visites approfondies et personnalisées.
Au couchant du bourg de Champeaux, bâti sur un éperon rocheux, le château des Bernardières n'est pas vraiment un pur chef-d'œuvre architectural. Mais c'est à coup sûr un authentique manoir périgourdin, un peu brouillon et anarchique, à l'image des efforts d'aménagement déployés au fil des siècles par ses occupants successifs.
Des remaniements qui font tout le charme de la demeure dont les actuels propriétaires
Mme et M BOUZY, a la suite de Mme Perrard , leur mère et belle-mère, proposent la visite depuis de très nombreuses années..
Le touriste pressé découvrira, au delà d'une porte à pont-levis ,une tour ronde à mâchicoulis et un donjon du XIVe siècle cernés de fossés taillés dans le roc.
Il pourra déambuler, au pied du logis XVIIe qui englobe dans ses murs les vestiges des postes avancés de défense du Moyen-Age, sur la vaste terrasse à balustres qui domine le sillon des eaux claires de la Nizonne.
Mais il ne saura rien de la Chanson de Geste des Bernardières s'il ne prend le temps d'écouter ses guides. Une pose nécessaire pour apprendre de leur bouche qu'aux XIVe, XVIe et XVIIe siècles, trois hommes ont fait l'histoire du château : Bertrand du Guesclin , Antoine d'Authon et Armand d'Aydie . Deux aventuriers de haute volée qui pourraient bien un jour tenter la plume d'un Alexandre Dumas en sabots de croquant et un hobereau point trop impécunieux pour avoir ,avec goût, remodelé un édifice tombé dans l'escarcelle familiale dés 1575 par l'union de la cousine de Pierre de Bourdeille avec Charles d'Aydie
UN CONNETABLE…
A Champeaux, gardez-vous de mettre en doute la prise, en 1377, de la place forte par Bertrand du Guesclin sinon il pourrait vous en cuire. On ne badine pas avec le respect dû aux héros.
Bertrand, pourtant n'entre officiellement dans la saga des Bernardières qu'en 1827, à la faveur de la publication d'un texte, en langue d'oïl, d'un trouvère nommé Cruveillier, qui aurait relaté, vers 1425, des évènements vieux déjà de près de 50 ans.
Que dit Cruveillier ?
Venant d'Angoumois et se rendant en Limousin, le connétable traverse Peirregort et s'attarde devant les tours des Bernardières sur lesquelles flotte la bannière du parti Anglois.
Du Guesclin, son job c'est justement de bouter dehors l'ennemi. Et il le fait bien puisque, rapidement, les British décampent non sans avoir flanqué le feu aux bâtiments et fait périr tout rôtis leurs prisonniers.
Voilà pour le reportage du confrère. Reste que la précision de certains détails géographiques et toponymiques incite les spécialistes à accorder quelque crédit au récit.
Et d'ailleurs, en 1902, n'a-t-on pas retrouvé, lors de la démolition de la chapelle Saint-Roch toute proche, des ossements humains ainsi que divers objets métalliques parmi lesquels des étriers appartenant à n'en pas douter ( ?) aux soldats de Du Guesclin.
Pieusement, sur l'emplacement de la fosse commune, une croix a été érigée. A lire la plaque apposée sur le socle on aurait mauvaise grâce à jouer plus longtemps les sceptiques :
« Ici ont été recueillis les ossements des soldats du connétable Du Guesclin tombés lors de l'attaque du château des Bernardières occupé par les Anglais. Septembre 1377 ».
Puisqu'on nous le dit !
UN PACHA
Dans les veines d'Antoine d'Authon coule un sang aussi bouillant que celui de Du Guesclin.
Le gentilhomme tient les Bernardières de sa mère qui est originaire de Saintonge. Dans son château périgourdin, Antoine s'ennuie ferme. Il trouve remède à son « spleen » en allant guerroyer et pirater du côté de la Méditerranée.
Il en revient avec un singulier souvenir, « la coiffe de la vierge ». Ce n'est pas le « saint suaire » comme à Cadouin mais c'est quand même pas mal ! L'anecdote est bien réelle, pour preuve les minutes d'un procès intenté en 1499 par la paroisse de Champeaux au chapitre de Saint Front de Périgueux qui s'était accaparé la relique.
N'ayant pu faire fortune comme promoteur de pèlerinages, notre aventurier vend ses biens, y compris le château des Combes qu'il s'était fait bâtir à 2 km au nord-ouest des Bernardières, et reprend le large.
Converti à l'Islam il serait devenu amiral de la flotte de Soliman le Magnifique, en 1534, sous le nom de Khayr al din - Le Barberousse II des Européens – Khayr al din a certes existé mais était-ce vraiment l'Authon périgourdin ?
L'ancien châtelain des Bernardières s'était embarqué pour ce voyage sans retour avec un pote à lui du Sud de la Loire. Un compère qui ne le quittait pas d'une semelle et avec lequel il devait bien s'entendre pour organiser des coups tordus… Troublant, car Barberousse, le vrai, lui aussi n'était pas seul dans son bateau. Il faisait le corsaire avec son petit frère !
Quoi qu'il en soit Barberousse meurt en 1546, Pacha d'Alger et « aussi infidèle que devant » note l'historien Jean Secret qui n'a pas voulu faire un sort à cette belle histoire.
Une histoire dont Brantôme est le premier à s'être fait l'écho dans ses chroniques. L'Abbé commendataire de la Venise du Périgord déclare qu'il la tient de gens qui la considèrent comme authentique. Et nous tous avec eux !
Passées des Bourdeille, aux Aydie une des grandes familles comtales du Périgord qui se fait « monseigneuriser » dans son autre domaine , aujourd'hui totalement disparu, de Ribérac, les Bernardières vont connaître au XVIIe siècle, leur heure de gloire. C'est en effet sous la férule d'Armand d'Aydie, que le château va changer de visage. Le logis XVII°, La terrasse et l'escalier à balustres, le jardin à la française enserré par les douves c'est lui ! Une reconstruction sans doute restée inachevée, interrompue en 1685 par le décès du maître d'œuvre. Malgré tout l'ensemble compose, vu des rives de la Nizonne, un agréable et élégant paysage bien que d'une certaine austérité induite par le classicisme de la stéréotomie.
Un style qui plut aussi à un autre Aydie prénommé Antoine, le frère du « Chevalier d'Aydie », l'amant de la belle Aïssé, lorsqu'il s'agira pour lui de rebâtir le château de ses pères, celui de Vaugoubert, à Quinsac sur les bords de la Dronne à quelques lieues de là , au levant. Antoine d'Aydie est un mauvais sujet : joueur, cavaleur, bourré d'appétits pour les nourritures terrestres.
Un profil qui le fait remarquer du régent Philippe d'Orléans auquel il doit rendre de bien grands services pour en devenir l'intime à la Cour.
Mais l'argent file vite entre les doigts du comte qui, pour arrondir ses fins de mois, n'hésite pas à tremper dans la conjuration de Cellamare : un complot qui vise à remplacer le régent, petit-fils de Louis XIII, par Philippe V roi d'Espagne.
Las, l'affaire tourne mal et Antoine est contraint de fuir ; il s'embarque clandestinement à Blaye sur un navire Hollandais et va trouver refuge auprès de son commanditaire le Bourbon Ibérique ! « Tras los pirineos », il refait bien vite surface et se voit nommé vice-roi des deux Castilles.
Le temps ayant passé, il revient en Périgord , accompagné dit la légende, de deux mulets chargés d'or , fortune , qui , à n'en pas douter, lui fût bien utile dans son œuvre de bâtisseur !
Moins chanceux, son oncle, entre les mains duquel tombent les Bernardières, aura maille à partir avec ses paysans, sous la révolution qui lui fit connaître, à 80 ans passés, l'inconfort d'une prison improvisée : « un trou à cochons. »
Après la tourmente, l'ancienne châtellenie change de mains à diverses reprises. Aux Guyots succèdent les Vieillemard puis les Perrard. Avec le XIXe siècles, le château perd beaucoup de son lustre ; des murailles s'effondrent ; on le transforme peu ou prou en carrières de pierres… Il y a même quelques années de cela, le bang d'un avion à réaction a mis à bas une tour déjà bien percluse de rhumatismes.
Mais les Du Guesclin, Authon et Aydie se sont depuis longtemps déjà coulés dans la mémoire populaire… Une bastille inexpugnable !
RICHEMONT : LE CHATEAU D'UN SINGULIER ABBE
Pierre de Bourdeille – le Brantôme de la littérature – a laissé de savoureuses chroniques sur ses contemporains, mais aussi un château où il repose depuis 389 ans.
C'est à Saint-Crépin , au nord de Brantôme, que Pierre de Bourdeille a construit son château de Richemont.
Les Sansac de Traversay, qui ont du sang de l'illustre mémorialiste dans les veines, le font visiter depuis 1927.
« D'année en année, la fréquentation s'accroît » déclarent les actuels propriétaires. « on enregistre jusqu'à trente entrées par jour, en juillet et en août. » On est loin ici de l'affluence record que connaît Lascaux II. Raison de plus pour découvrir en toute tranquillité le manoir de l'auteur des « Dames Galantes. »
Depuis St Crépin de Richemont -210 âmes en hiver- une route, qu'il faut mieux ne pas gravir à bicyclette si l'on n'a pas les jarrets d'un Laurent Jalabert, mène sur les hauteurs boisées de la rive Est du Boulou.
Au sommet de la côte, une longue allée bordée de fayards conduit au château.
Quelques pas sous une voûte végétale ; et l'on pénètre dans la cour d'honneur de l'édifice, une construction harmonieuse que les Sansac de Traversay ont à cœur de faire apprécier. ces attentions doivent, d'outre-tombe, combler d'aise Brantôme, lui qui souhaitait par-dessus tout que sa demeure reste propriété des descendants d'une des plus anciennes familles du Périgord.
« Je seroi bien mary si estan là haut ou Dieu fera la grâce de m'y recevoir s'il lui plait je visse que ceste belle maison et chasteau que j'ay fait bastir avecques si grand travail eut changé de main et tombée en une estrangère ».
« Le château est d'un plan très simple expliquent les guides, deux ailes en équerre qui s'accolent à une tour d'angle. Sa construction a duré longtemps : de 1564 à 1581 pour le gros œuvre ; mais en 1610 on achevait tout juste la chapelle »
UNE VIE BIEN REMPLIE
A Richemont, Pierre de Bourdeille, familier de bien des têtes couronnées de l' Europe de son temps, a dicté à son secrétaire Mathaut « Les Dames Illustres », « Les grands Capitaines », « Discours sur les duels », « Discours sur les couronnels », « Rodomontades espaignolles » et « Les Dames Galantes » : une œuvre publiée bien après sa mort par un éditeur avisé de Leyde en Hollande.
Il est vrai que l'illustre abbé commendataire de Brantôme avait beaucoup à dire et que son existence tumultueuse fournissait amplement matière à chroniques gaillardes et piquantes.
Né en 1538, c'est au château de La Tour Blanche, où son père François avait épousé Anne de Vivonne, en 1518, qu'il mouilla ses premiers langes. 3e fils de la famille, il est naturellement promis à l'état ecclésiastique. Mais la vie religieuse ne le passionne guère et il préfère courir le monde, mi-soldat, mi-aventurier.
On le voit en Italie, il accompagne Marie Stuart en route vers son exil écossais en 1561, il séjourne quelque temps à la cour de Charles IX, puis met son épée au service de François de Guise contre les protestants…Engagé dans l'armée espagnole en 1564, il combat au Maroc et au Portugal. En 1566, la croisade contre les Turcs le conduit à Malte…
Des états de service dont il pouvait légitimement se prévaloir pour obtenir du roi Henri III, à l mort de son frère aîné, le titre et la charge de Sénéchal du périgord. Mais le monarque en ayant décidé autrement, Brantôme remâchant sa rancœur, s'exile intérieurement dans la « Venise du Périgord » et dans son château en voie d'achèvement. Au reste en 1584, « un méchant cheval lui brise et fracasse tous les reins le laissant estropié et perclus de ses membres ». Ailes rognées et espoirs déçus, il se consacre à la gestion de son abbaye à la tête de laquelle il a été nommé en 1558 par Henri II.
Quand la nuit du 4 au 5 juillet 1614, Pierre de Bourdeille, quasi octogénaire, s'éteint, c'est dans sa demeure de Richemont qu'il se fait enterrer.
Prévoyant, il avait, dans la tour d'angle, fait aménager une chapelle funéraire ornée de macabres crânes, tibias et fémurs entrecroisés. Des peintures murales sont aujourd'hui disparues, mais demeure fixée à un mur, l'épitaphe en bronze du maître des lieux. Un texte rédigé par ses soins , on n'est jamais assez prudent, qui s'achève par cette phrase « Il n'a jamais eu de repos et contentement en ce monde aussi une âme généreuse n'en pouvait avoir que dans le ciel ».
UN CHATEAU INACHEVE
Depuis 389 ans, son corps repose dans le caveau construit dans la chapelle qu'éclaire faiblement une étroite fenêtre. Dehors, le soleil baigne les logis et la tour qui, après la Révolution, a servi de relais pour le télégraphe Chappe.
Au pied de la tour, couronnée de mâchicoulis et couverte d'ardoises d'Alassac, s'étend le jardin ; quelques arpents de terre où Pierre de Bourdeille cultivait des melons qu'il offrait à ses amis et à ses proches, tel Pierre de Mareuil, auquel il succéda aux « commandes » de l'abbaye de Brantôme.
L'abbé rêvait sans doute d'un château plus important, et il semble bien qu'il ait projeté la construction d'une 3e aile. En période de sécheresse, sous le gazon de la cour, apparaît, à la faveur des différences de coloration de l'herbage, le tracé des fondations de bâtiments qui ne virent jamais le jour .
Malgré tout, faiblement remanié au XVII et XVIIIe siècles – des ailes rallongées, des ouvertures modifiées, une terrasse à balustres ajoutée…- Richemont, perché sur sa colline sauvage « où l'air est beau, bon et salutaire » demeure un intéressant monument qui tient de la fin de la Renaissance et annonce déjà le classicisme.
Un château qui en évoque irrésistiblement un autre… moins par son architecture que par la qualité de son occupant ; celui de Saint-Michel de Montaigne, aux frontières de la Gironde.
Christian CARCAUZON
EPITAPHE DE PIERRE DE BOURDEILLE
Passant, si tu es curieux de scavoir qui gist en ceste chappelle, cest le corps de Messire pierre de Bourdeilles en son vivant Chevalier gentil-homme ordinaire de la chambre des Roys charles IX & Henry III Chambellan de Monsieur le Duc d'Alençon leur Frere & Pansionnaire desditz Roys de la somme de deux mille livres par an, Seigneur et Baron de Richemont de S Crespin, la Chappelle Montmoreau & Conseigneur Usufructuaire de Brantosme issu du coste paternel de la tres-noble & anticque race de Bourdeilles renommee dez le temps de Charlemagne, comme les histoires anciennes et vieux romans tant Francois Italiens qu'espagnols & tiltres vieux et anticques monuments de la maison le tesmoignent de pere en filz iusques à aujourd'huy et du costé Maternel de ceste grande & illustre race de Vivonne et de Bretaigne. Il fist son premier apprentissage aux armes soubz ce grand Capitaine Monsieur Francois De l'orraine Duc de Guyse & eust soubz sa charge deux compagnees de gens de pied, & ne degenera en rien de la vertu de ses ancestres, mais se trouvast en plusieurs guerres et combats hazardeux tant en France qu'en pays estrangers : mesme le Roy de Portugal Dom Sebastien honnorant sa valeur au retour de la conqueste de la ville de Belys & son Pignon en Barbarie le fist Chevalier, de son Ordre appelle L'habito de Christo et nonobstant toutes ces grandeurs il n'a jamais eu de repos & contentement en ce monde, aussi une ame genereuse N'en pouvait avoir que dans le Ciel
Il deceda le cincquiesme Iuillet
L'an Mil Six Cens 14
Prie dieu pour luy.
Entre Brantôme et Nontron le château des Bernardières, inscrit à l'ISMH fait l'objet de restaurations attentives menées par l'entreprise Mériguet. Tous les jours de la semaine sauf le mardi,, en juillet , Août et jusqu'au début septembre, de 10 h à 12 h et de 14 h à 18 h, ses propriétaires Mme & M Bouzy le font découvrir à des touristes privilégiés au cours d'une visite d'une heure environ. Périodiquement, au fil de l'avancement des travaux, de nouvelles parties de l'édifice deviennent accessibles ; c'est ainsi que les cuisines auxquelles conduit un passage voûté vont prochainement être livrées à la curiosité du public. Un CD conçu par les propriétaires et interprété par une troupe de comédiens va faire revivre tout l'art culinaire du XVII°. Dés cette saison estivale une exposition d'affiches anciennes illustrant des faits historiques sociologiques et culturels (proclamation impériale durant les Cents jours, incitation à souscrire aux emprunts émis durant la première guerre mondiale…) sera proposé dans un vaste salon rénové. Pour tous renseignements complémentaires s'adresser au 02 .47.46.18.73
Richemont ( I.M.H.) , facilement accessible depuis Brantôme par la route d'Angoulême, n'est ouvert au public, que du 14 juillet au 31 août. Sous la conduite des propriétaires plus de 1500 passionnés d'histoire et d'architecture plongent chaque été dans le cadre intime de l'abbé Pierre de Bourdeille. Les visites , d'une durée de ¾ d'heure s'effectuent sans interruption de 10 h à 18 h. Les prises de vues extérieures sont autorisées. Tout renseignement complémentaire peut être fourni au 05.53.05.72.81.
Dans le cadre des rencontres universitaires de Brantôme l'association « les amis de Brantôme » organise les vendredi 10 et samedi 11 octobre 2003 un colloque dont le thème « Brantôme et les arts de la guerre » motivera les interventions des meilleurs connaisseurs et spécialistes de l'œuvre et de la vie du célèbre chroniqueur Périgourdin. On comptera parmi ceux ci madame Cocula-Vaillières dont l'ouvrage « Brantôme Amour et gloire au temps des Valois » paru chez Albin Michel en 1886 est d'une lecture incontournable.
Jovelle : Plus de sous !
Plus de sous ! : Achetée il y a plus d'un an par le Conseil Général de la Dordogne, la grotte ornée paléolithique de Jovelle (La Tour Blanche) demeure aujourd'hui encore, comme c'était déjà le cas depuis la tempête de 1999 qui avait malmené le grillage interdisant l'accès du site aux vandales, dans un pitoyable état d'abandon.
Pour pénétrer dans la cavité, classée IMH depuis 18 ans, il suffit, gymnastique autorisée aux impotents, d'enjamber un gros arbre couché sur la clôture mise en place dès 1984 par la direction des antiquités préhistoriques d'Aquitaine. Situées essentiellement dans la zone vestibulaire de la cavité les gravures, des représentations de mammouths majoritairement auxquelles s'ajoutent les images d'un cheval, d'un boviné et d'un bouquetin, restent exposées aux déprédations de visiteurs indélicats. Le sol archéologique de ce sanctuaire qui pendant des millénaires, n'a cessé d'être occupé constitue un véritable trésor scientifique susceptible d'exciter la convoitise de fouilleurs clandestins. Il est d'ailleurs miraculeux que des saccages n'aient pas encore eu lieu !
Si dès l'annonce de sa découverte (1) considérée « d'importance mondiale » par le ministère de la culture la grotte a suscité le plus vif interet des spécialistes c'est que le remplissage sédimentaire envahissant sa galerie masque partiellement, et peut-être même recouvre en totalité, certaines œuvres gravées 25 000 ans avant le présent comme beaucoup l'estiment en fonction de comparaisons stylistiques assurées. De la sorte il sera éventuellement possible, à l'issue de fouilles futures, d'approcher au plus près la période d'exécution d'un décor pariétal rapporté à l'inter Gravetto-Solutréen. Ramené au jour par les animaux fouisseurs l' important mobilier, céramique osseux lithique, médiéval, gallo-romain, du second âge du fer, de l'âge du bronze, du néolithique vraisemblablement mais aussi et surtout attribué à de nombreuses séquences successives du paléothique supérieur, atteste l'exceptionnelle richesse d'un gisement demeuré pratiquement intact.
En ce mois d'avril 2007 rien, hélas, n'a changé depuis l'acquisition du site. La grotte de Jovelle reste à l'abandon ! Vestiges d'une paroi malmenée par l'érosion et le travail des carriers qui exploitaient l'escarpement seuls quelques blocs (2) décorés épars gisant à terre ont bénéficié d'un bachage de protection contre les intempéries.
Voilà bien qui valait la peine de s'en porter acquéreur … heureusement pour le contribuable la somme payée à l'ancien propriétaire serait moins que rondelette. Apparemment le service département de l'archéologie n'a pas les moyens de ses ambitions en matière de préservation de cet exceptionnel patrimoine. Sans doute la joyeuse troupe du PIP (Pôle international de préhistoire, une usine à gaz qui est la danseuse de l'exécutif périgourdin) phagocyte-t-elle le plus gros des enveloppes budgétaires afférentes.
(1)Spéléologue et archéologue Ch.C. a découvert et exploré et étudié d'innombrables réseaux karstiques dont certains comptent parmi les plus importants de Dordogne, près d'une centaine de souterrains, divers gisements paléontologiques, plusieurs grottes sépulcrales protohistoriques, mis en évidence des villas gallo-romaines, des sites agricoles, funéraires et artisanaux médiévaux… Dans les années 80 il a surtout mis au jour 4 sanctuaires paléolithiques ornés de gravures pariétales dont 3 ont déjà bénéficié d'un classement I.M.H. Les résultats de ses recherches ont été publiés dans diverses revues locales et nationales et sont présentés dans son ouvrage « Découvertes souterraines en Périgord » Le Roc de Bourzac 1991.
(2)L'un d'entre eux, pourtant, reste exposé à l'air libre : il s'agit d'une meule de moulin monolithe dont la présence, à l'avant du porche de la caverne, demeurerait tout à fait étonnante si , à peine 200 mètres de là, on n'avait également mis au jour un petite taillerie de meules identiques. Cette modeste carrière d'où à peine plus d'une dizaine de ces lourds cylindre de calcaire ont été retirés s'est développée au détriment d'un banc rocheux de l'Angoumien supérieur. Les cuves et les alvéoles d'extraction coalescentes qui se superposent de part et d'autre de l'orifice d'un conduit karstique à voute surbaissé ne constituent certainement pas les seules traces de cette activité au flanc du plateau. D'autres peuvent demeurer masquées par la végétation … certaines peuvent avoir été emportées par l'exploitation du matériau calcaire pratiquée ici de manière intensive de la fin du XIXème siècle jusqu'à la veille de la seconde guerre mondiale. À la périphérie ou en surplomb de la grotte ornée un atelier aujourd'hui disparu a pu exister dont cette unique meule porterait le témoignage. Des prospections attentives pourraient tirer l'affaire au clair !
Jovelle : La machine à remonter le temps consulté 2250 fois depuis son classement en archives. Nombreuses illustrations en ligne.
à Bourdeilles : les templiers dans l'oubliette !
À l’heure où le Conseiller général de Brantôme Jean Gagnayre, désertant son terroir d’élection, s’occupe activement du festival « Les templiers » programmé du 13 septembre au 26 octobre entre Vézère et Dordogne, la petite cité de Bourdeilles attend toujours un coup de projecteur sur l’exceptionnel décor gravé par les « chevaliers au blanc manteau » dans l’oubliette du donjon médiéval.
Du château de Bourdeilles, éclipsant la demeure renaissance dessinée par Jacquette de Montbron, on ne retient qu’elle…et pour cause ! Édifiée au tout début du XIVème siècle par Géraud de Maumont cette tour octogonale est, avec ses presque quarante mètres de hauteur, l’une des plus magistrales constructions guerrières d’Aquitaine. Sa silhouette vertigineuse se reflète, par delà les avant-becs et la bosse du pont gothique, dans les flots irisés de la Dronne pour composer l’image emblématique de l’une des quatre baronnies du Périgord.
C’est dans une fosse ou une oubliette du premier étage de ce donjon que le spéléologue passionné d’archéologie, Gérard Mouillac, devait mettre au jour, en 1958, un fascinant ensemble de bas reliefs jamais signalé ni décrit auparavant.
La découverte eut lieu à l’occasion d’une visite du château. Attiré par l’embouchure de la salle sous-jacente encombrée de détritus, l’explorateur souterrain, familier des grands gouffres du Qercy, use, vis-à-vis de la gardienne d’un stratagème efficace qu’il devait nous confier en 1987.
« Pour obtenir l’autorisation d’y descendre je laisse choir volontairement mes lunettes au fond du puits et me répands en lamentations et supplications : pas question de quitter les lieux sans avoir récupéré mes lorgnons! » Feu vert accordé et échelle des pompiers de la localité réquisitionnée le spéléologue entame sa descente. « Comme l’échelle de 5 mètres s’avérait trop courte pour pouvoir prendre appui sur le sommet du cône de détritus, mon beau frère, calé au dessus de l’orifice, à dû jouer le rôle de point d’ancrage en retenant à bout de bras le premier barreau. Parvenu à son extrémité, j’ai dû sauter dans la pénombre sur ce dépotoir peu engageant. Pour reconnaître les lieux je me suis fait envoyer un journal, qui, enflammé m’a servi de torche de fortune. Grâce à sa lumière aussi vive que fugace, j’ai alors découvert d’exceptionnels bas-reliefs »
Occupant essentiellement le pan nord de cette salle de 7 mètres de hauteur, les différentes figurations, sculptées à hauteur d’homme, se répartissent autour d’un personnage orant qui semble assis sur une cathèdre pourvue d’accoudoirs. À sa droite deux Christ en croix dont l’un est entouré par la Vierge et Saint Jean. À gauche et en bas de l’orant est sculptée une vierge à l’enfant. Au-dessus les représentations sont plus dégradées mais on reconnaît facilement les contours de deux chevaux ayant semble-t-il supporté chacun un cavalier; Plus loin une niche abrite deux autres figurations anthropomorphes…
Pour Gérard Mouillac ces œuvres d’inspiration strictement religieuse ont été exécutées par des prisonniers enfermés dans ce réduit obscur parcimonieusement éclairé par un étroit jour de souffrance. Qui étaient ces derniers? Des templiers de toute évidence ! En 1307 année de l’arrestation massive des disciples de Jacques de Molay, le château de Bourdeilles est propriété du roi Philippe le Bel l’instigateur de cette rafle.
Moins connus que les graffiti templiers de la porte des tours à Domme, les bas-reliefs de l’oubliette du donjon du château de Bourdeilles n’ont fait l’objet, en 1968, que d’une publication succincte dans le bulletin de la Sté historique et archéologique du Périgord !
La plupart des habitants du bourg en ignore carrément l’existence et la Semitour qui gère ( plus mal que bien) le site n’a toujours rien entrepris pour les mettre en valeur. Classé « Site majeur » d’Aquitaine, Bourdeilles va, dans les années à venir, investir avec le concours du département et de la région plus d’1,3 million d’euros… Il y a gros à parier cependant que la présentation au public des prières rupestres des templiers ne figurera pas aux rang des priorités. Les gravures et sculptures paléolithiques des grotte et abri proches des Bernous et du Fourneau du diable ne sont pas davantage connues !
L’important, assurément, c’est la billetterie du château et la boutique aux souvenirs…crapoteux !
(Et peut-être aussi, paraît-il, la coupe des tilleuls ombrageant l’ancienne place de la halle !)
Affaire à suivre.
ChC le 09/09/08
Bienvenue chez les nazes !
Un qui doit avoir les boules c'est bien Bernard Cazeau ! Le motif de son irritation certaine et de sa mauvaise humeur probable, c'est à coup sûr l'immense succès populaire (plus de 20 millions d'entrées en France et la certitude d'une diffusion mondialisée) remporté par le film de Dany Boon financé en partie par la Région Nord-Pas de Calais..
Quasi indétronable « Bienvenu chez les Ch'tis » fiction cinématographique concoctée par le pourfendeur du K Way et des queues à la poste, aura, d'un tour de manivelle, hissé au pinacle ce Nord, sans truffe ni foie gras ni décalquomaniaques Lascaux 2 et 3, présidée par le socialiste Daniel Percheron qui siège au Sénat non loin de son homologue du « Pays de l'Homme » (sic) apôtre de la cinéphilie boutiquière !
Bernard Cazeau, depuis 1994, date de son élection à la présidence du Conseil général de la Dordogne, dilapide les ressources publiques en finançant, les plus exécrables « nanars » du cinoche franchouillard. Aucun des films produits avec le concours du département n'a drainé les cinéphiles, et on les comprend, dans les salles. Pire, les toiles sponsorisées, des œuvres également soutenues par le CNC (Centre national de la Cinématographie officine aux amitiés confessionnelles particulières) nuisent à l'image du Périgord. Le comble de la de la médiocrité culturelle aura été récemment atteint avec le funeste « Jacquou le Croquant » de Boutonnat, tourné pour l'essentiel… en Roumanie , alors même que le CG24 déboursait 100 000 € à seule fin d'obtenir un plan panoramique sur le pont de Terrasson!
Retiré de l'affiche après quelques jours d'exploitation seulement, l'exécrable « Jacquou » véhiculant une image lamentable de la région, aura connu, au bout du compte, un bide mémorable plus retentissant encore, eu égard à son budget, que d'autres productions indigentes telles « Les Gaous », « Albert est méchant » ou « Le sang des fraises » également soutenues les années précédentes par l'exécutif périgourdin .
À croire que les sémillants apparatchiks qui grenouillent dans la bulle culturelle du Conseil général ne savent pas lire le moindre synopsis et qu'ils sont incapables de juger de la qualité future d'une œuvre. Pourtant ils sont payés pour ça , car, in fine, c'est bien sur leurs recommandations que le pouvoir local engage ses deniers!
Le 7ème art, bien pourvu en starlettes et en gitons aux dents longues saurait-il user d'arguments suffisamment séduisants pour emporter le morceau ?
Bernard, vire tes conseillers cinématographiques ! Ce sont des nazes ! Ou pire encore !