argentine

La grotte de la Geyrie et le four à chaux de La Besse

 

La météo avait pronostiqué un dimanche pluvieux et bien sûr, comme souvent, il n'en a rien été. Puisque, décidément, le ciel ne semblait pas disposé à nous tomber sur la tête nous avons décidé, Jo, Philippe, Christine et moi, de revoir la grotte de La Geyrie qui, près de La Tour-Blanche, recèle d'importants panneaux de gravures pariétales jugées proto-historiques par ceux qui les ont redécouverts… quelques lunes après nous!

Pour atteindre le porche de la cavité nous avons dû contourner d'infranchissables ronciers qui n'avaient certes pas droit de cité dans ces coteaux pierreux au milieu des années 80. Au bout d'un quart d'heure de déambulations incertaines, nous aboutissons enfin devant le porche surbaissé de la cavité.

Une quinzaine de mètres… c'est toute la longueur de ce modeste méandre. Ses parois, en revanche, affichent ostensiblement  un décor gravé de résilles et damiers géométriques qu'au milieu des années 80 nous avions mis en évidence. Rien de concret n'atteste leur appartenance à la protohistoire… C'est pourtant cette attribution chronologique que nos successeurs ont décidé de lui affecter. Il est vrai que ce type de décor apparaît très précocement comment l'attestent les tracés « inachevés » presque comparables de la grotte de Villars comme ceux de la grotte Mitrot en Gironde jugés paléolithiques. Par ailleurs de nombreuses cavités des Pyrénées catalanes notamment conservent différents témoignages d'un « art schématique linéaire » aux éléments similaires rapporté, lui, à l'âge du Bronze. (1)

Reste cependant que de multiples sites troglodytiques médiévaux présentent aussi de telles compositions

En Dordogne même, sans parvenir à les dater, j'avais déjà révélé l'existence de gravures semblables sur les parois de la grotte du Cluzeau à Coutures et de celles d'un petit conduit karstique creusé en contrebas du château de La Chapelle Faucher. (2)

S'agissant du site de La Geyrie je n'ai jamais observé, dans l'étage supérieur du drain fossile, comme au sol du méandre sous-jacent d'une longueur équivalente, que des tessons médiévaux !

Après avoir présenté la grotte (3) à Philippe et Jo je m'introduis, sans trop de difficultés, dans l'étage inférieur. Blaireaux et renards l'ont colonisé: un « cabinet » malodorant en témoigne. Une trémie calcifiée de  blocs et de pierrailles interdit toute communication entre les deux niveaux et s'oppose à la poursuite de l'exploration. Rien de neuf ! Sauf, peut-être, l'augmentation du remplissage induit par une fréquentation animale constante.

La topographie des conduits devra, prochainement, être réalisée et quelques clichés des gravures devraient être bientôt mis en ligne…

Avant  la chute des premières gouttes d'une pluie qui tarde venir, malgré des prévisions pessimistes, nous poussons une pointe, à travers bois, vers un four à chaux distant d'un bon kilomètre. Voilà plus d'un quart de siècle que j'en connais l'existence. Un ami qui me l'a présenté, voulait  voir, dans cette construction informe de pierres sèches un tumulus. Ses fouilles laborieuses l'ont convaincu d'une réalité plus prosaïque: là où  il espérait vérifier l'existence d'une nécropole  … il n'a, dégagé partiellement que le couloir ébouleux d'un alandier  aux parois rubéfiées et au gueulard effondré … Tel qu'il est, cependant, ce témoignage du travail des hommes mérite l'attention et on devrait sans doute, s'attacher à le préserver de dégradations prévisibles!

 Mais, comme il n'y a guère de sous à gagner à sa conservation ce souhait a tout du vœu pieux !

 

Ch C le 1/7/2007.

 

(1)                Plus ambitieux, B & G Delluc avaient considéré, évacuant rapidement une longue occupation de la cavité au néolithique puis à l'âge du bronze, que les grilles comparables que nous avions mises en évidence à la voûte de la galerie d'accès originelle de la grotte ornée paléolithique de La Croix (Condat/Trincou) étaient attribuables aux artistes magdaléniens qui, près de 15 000 ans avant l'actuel, gravaient dans la caverne des rives de la Côle, les silhouettes des chevaux galopant, alors, dans cette vallée !

(2)                Nous avons évoqué certaines de ces observations dans différentes revues mais également dans notre ouvrage « Découvertes souterraines en Périgord » Le Roc de Bourzac Bayac 1991

(3)          Comme au Trou des Brumes voisin les parois présentent une série de boulins peut-être destinés à accueillir un châlit mortuaire. Au hameau du Maumasson tout proche existait une léproserie

Le four à chaux de La Besse (Photo Christine Carcauzon)



08/07/2007
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