PRO MEMORIA

Le cimetière d'Argentine, que jouxte l'église romane, est désaffecté : aucune inhumation n'y a été pratiquée depuis plus de 10 ans. La dernière a avoir bénéficié d'une couche adossée au mur d'enceinte est une certaine lucie Bordas du hameau voisin de Séguignas….

Ce samedi 26 novembre, sous un ciel bas, uniformément gris d'où, quelques heures plus tôt, suintait encore une bruine poisseuse trois personnes s'affairent sans bruit au milieu des tombes.

Il y a là Monsieur et madame Rouillé qui 36 ans auparavant s'étaient unis dans le chœur du sanctuaire proche et Désir Garem, leur ami de Sainte Croix de Mareuil.

Au milieu d'un véritable capharnaüm d'échelles, de seaux, d'auges et d'outils de maçon se dresse, au chevet de la sépulture familiale des deux époux, un haut trépied métallique. Guidé par les poignes fermes des deux hommes le lourd et volumineux socle de croix, « en calcaire de Font-Babou » précise Désir Garem, est hissé sans effort, au palan par  madame apparemment experte en maniement des chaînes. Tassements et affaissements de terrain ont eu raison de nombreux petits monuments funéraires et, alentour, leurs blocs disloqués gisent à terre ! Celui des Rouillé a eu le bon goût, dans sa chute, de ne pas se fragmenter davantage. Directives assurées et gestes professionnels, un élément après l'autre, l'édifice retrouve, bien avant la fin de l'après-midi, son assise et toute son élévation. Sculptés vers le milieu du XIXe siècle, par le tailleur de pierre du coin, les quartiers, à nouveau scellés à la chaux de Saint-Astier s'apprêtent à affronter le XXIe rugissant !

  Pour un peu on se laisserait aller à rêver d'une nécropole, entièrement restaurée, où les graviers rosâtres des allées, désherbées chaque année à grand renfort de produits chimiques, auraient laissé place à de doux espaces gazonnés. Comme à Cercles !

Ch.C