Rosebud
ROSEBUB
( en hommage à Henri Grouès )
Le crapaud, tout petit, était sorti du caniveau…
Il gelait à pierre fendre ; j'ai pensé qu'il avait froid.
Tel Martin, que je ne connaissais point, je fendis, à défaut de manteau, mon mouchoir.
En ce temps là, chaque jour, pour partir à l'école, les morveux étaient dotés d'un carré de cotonnade, uniformément blanc ou multicolorement rayé; et si le rhume s'installait il fallait le conserver, gluant, roulé en boule, tout au fond de la poche jusqu'au retour à la maison. Le partager était un sacrifice… que je fis sans trop réfléchir.
Sur le dos variqueux du Juvénile batracien j'étendis la toile que j'espérais protectrice, mes oreilles hermétiquement closes à son étonnement subreptice, mon cœur d'amour dilaté pour cet être insensé magiquement transformé en puîné adoré !
Vers les 4h1 /2, les 16h30 m'ont été imposées beaucoup plus tard, remontant la ruelle conduisant à mon havre rayonnant de chaleur anthraciteuse je ne l'ai pas revu !
Avait-il affronté, sous sa cape tissée, les frimas de l'hiver 56
ou s'en était-il, sagement, retourné à la relative douceur
de l'égout archaïque ?
La question taraude mon esprit où elle maraude … depuis 48 ans !
Ch.C
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 34 autres membres