Val de Dronne : Drôle de Vanne !
Val de Dronne : Drôle de Vanne ! (*)
Line Becker et Vincent Marabout, deux historiens d'art au service du Conseil Général de la Dordogne se consacreraient, paraît-il « à l'étude du patrimoine architectural et mobilier » de ce département. Ils viennent de publier aux éditions Confluences le fruit de leur « travail » en Val de Dronne !
Les éditions Confluences qui ont récemment fêté leur dixième anniversaire sortent en cet automne 2008, dans la collection« Visages du patrimoine en Aquitaine » consacrée aux architectures religieuses, militaires et civiles rurales et urbaines. un premier titre portant sur le bâti des cantons de Brantôme, Montagrier, Ribérac, Saint-Aulaye et Verteillac. Ce petit opuscule de 95 pp sponsorisé par l'exécutif local gagne assurément à se faire oublier. Son prix exorbitant, l'indigence de son contenu et la platitude de son illustration photographique tout concourt, en effet à le conduire rapidement au pilon! (1)
http://www.patrimoine-de-france.org/oeuvres/richesses-3-901.html
Alors même que beaucoup s'attendaient à découvrir les richesses secrètes (2) d'un territoire moins galvaudé que celui du Périgord méridional cet insignifiant « Val de Dronne » ne leur en offre pas plus, mais certainement beaucoup moins, que les dépliants trois volets mis gratuitement à la disposition des touristes dans tous les syndicats d'initiatives de la contrée
Le premier chapitre , -tout juste vingt pages, apprend au lecteur que la région est un territoire contrasté. Qui parmi les chroniqueurs débutants et les chargés de communication touristique n'a jamais usé et abusé de ces fameuses terres de contrastes d'un si commode emploi? De fait, pourtant, ce truisme éculé correspond bien à la réalité d'un secteur géographique que d'aucuns ont rattaché en totalité au Périgord Vert alors que pour moitié il appartient au Périgord Blanc des plateaux et collines calcaires campaniennes et au « désert » de la Double forestière au sol argilo-sableux acide.
De ce partage accusé de l'espace entraînant l'extrême diversité des paysages, de l'économie agricole, de l'habitat et des constructions les auteurs ont souhaité faire leur fil d'Ariane au gré de 3 itinéraires thématiques. Le premier est consacré à la présentation des architectures monumentales et fortifiées, les suivants se penchent sur « l'essor des terroirs » et décrivent quelques moulins et ponts de la Dronne.
Pour brosser ce portrait du pays les rédacteurs ne disposaient plus que d'une soixantaine de pages. Objectivement c'était trop peu d'espace alloué pour mener à bien une si lourde tâche. déjà hypothéquée par une sélection contestable des sites et de l'iconographie connexe. Afin de tourner la difficulté Line Becker et Vincent Marabout ont dédaigné le cours amont de la rivière celui qui s'étire de Champagnac de Belair à Saint Saud Lacoussière ignorant superbement dans la foulée son affluent majeur : la Côle.
Leur ouvrage aurait dû s'intituler, en réalité, « Le Val de Dronne de Brantôme à Saint-Aulaye » Mais pour la vente sur Internet le titre retenu est sans doute plus adapté. L'acheteur abusé pourra-t-il retourner le coûteux document ? Rien n'est moins sûr !
Pour être un petit peu plus consistant que la squelettique brochure de Dominique Audrerie portant sur même sujet ( La vallée de la Dronne PLB 2004) ce nouvel objet éditorial ne retient cependant pas l'intérêt. Il fait un flop comme le caillou lancé par une main maladroite sur la rivière où il aurait dû ricocher !
La bibliographie, très sélective, méconnait les travaux de l'historien ribéracois Alcide Dusolier, ceux de l'abbé Farnier « Histoire de Lisle » ceux encore du signataire de ces lignes et de Serge Avrilleau publiés, les uns au Roc de Bourzac et les autreschez Libro liber elle ne fait pas davantage mention de « La Double » de Florence Broussaud-Le Strat. On y recherche en vain la trace des « Brantôme et Bourdeilles oubliés » des « Tocane et Saint-Apre oubliés » de Pierre Pommarède (Fanlac 1987 – 1996) ou des « Images de Ribérac et Ribéracois « de Marc Chassaing. Quant aux remerciements complaisamment corporatistes ils sont véritablement de trop !
Ch.C le 30/9/08
Val de Dronne par Line Becker & Vincent Marabout Photographies de Michel Dubau . In 8 br couv à rabats illustrée édit 95 pp nbrs ill coul cartes plans Éditions Confluences sept 2008 15 €
(1) 15 €pour un bouquin 15x21 cm n'atteignant pas 100 pages c'est pousser l'arnaque dans ses derniers retranchements. « La Double » de Florence Broussaud-Le Strat, « L'Auvézère et la Loue » de Pierre Thibaud, 2 in 8 carrés de 21x21 cm et de 103 et 164 pages parus en 2006 et 2007 chez Fanlac n'excédent pas 14,50 et 20 €. Même s'ils ne correspondent pas tout à fait aux exigences d'un lectorat pointilleux ces 2 livres relèguent au rang d'ersatz l'insipide « Val de Dronne » Notre confrère de Sud-Ouest, Alain Bernard, estime quant à lui qu'il s'agit là "d' un beau (livre) ... très complet !" On ne peut se tromper avec plus d'aveuglement !
(2) Les pages consacrées à Bourdeilles n'évoquent à aucun moment les bas-reliefs templiers du donjon ( voir notre article à Bourdeilles : les templiers dans l'oubliette !)
(*) le titre nous a été inspiré par Francis Fargeaudou, un bon connaisseur du Val de Dronne
L'envie de célébrer un élément de choix du patrimoine Bourdeillais, déjà mis en lumière par « Val de Dronne » insipide petite brochure commise par Line Becker et Vincent Marabout avec le concours financier du CG24, leur employeur, a inspiré à Vincent Rouillon un article poétique sur le moulin du bourg (1) qui appartint longtemps à nos cousins Bunle. (2)
Le texte, très imagé, assimile le bâtiment à un « canard-maison (qui) a l'air incroyablement confortable, là, avec ses plumes de lierre. » Confortable assurément, à l'étage et agréable à habiter lors des étés caniculaires. En hiver, en revanche, son rez-de-chaussée est régulièrement envahi par les flots et la boue et ses murs ruissellent alors d'humidité. On imagine sans peine combien était terrible jadis, le métier de meunier : ceux qui l'exercèrent ici dans le froid et la pénombre , le quartier étant privé d'ensoleillement par la falaise et les hauts murs du château, mettaient en péril leur santé et ne faisaient généralement pas de vieux os. Bien au « courant », si l'on se risque à cette formule pléonastique, l'actuel propriétaire n'y séjourne guère qu'aux approches du mois d'août.
Tombé, en 1793,(3) dans l'escarcelle de Jean Bertin, neveu de l'intendant Henri-Léonard Bertin, l'édifice est placé aujourd'hui sous les auspices de l'entente retrouvée franco-allemande, puisqu'il a été acquis, il y a longtemps déjà, par un riche (et sympathique) amateur d'art contemporain d'Outre Rhin qui fut durant mon court séjour à Bourdeilles un client agréable de ma librairie ouverte, place de la Grave, à l'enseigne de « L'amateur de livres ».
(1)http://bourdeilles.wordpress.com/le-moulin-de-bourdeillesbourdeillesgoogle1657122dd97da55ahtml-2/
(2) Le souvenir du charismatique Marcel Bunle, notre tonton au second degré survit dans bien des mémoires pas exclusivement périgourdines . C'était un homme de convictions qui les a assumées avec courage… beaucoup comprendront ! Les autres peuvent me demander d'éclairer leur lanterne !
(3) au terme d'une révolution sans profit pour le peuple
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