« D'un château l'autre »
« D'un château l'autre »
Les 15 et 16 septembre vont avoir lieu les 24èmes Journées européennes du patrimoine. Cette manifestation annuelle qui, à l'instar de la fête de la musique et de la cacophonie réunies, a séduit les élites ( ?) culturelles du vieux continent se décline aussi, bien évidemment, en Dordogne.
Le « Pays de l'homme » (sic) s'implique pourtant, dans ce grand raout pré-automnal, avec des bonheurs divers.
Le guide édité pour l'occasion par le Ministère de la culture liste sur 10 pages les monuments et sites périgourdins ouverts au public ce 3ème week-end de septembre. La plupart d'entre eux sont accessibles sans bourse délier tout au long de l'année car pour peu que l'on fasse l'effort de s'adresser aux habitants qui connaissent l'identité du détenteur de la clef il est exceptionnel qu'une église rurale, ordinairement close, reste fermée au visiteur. Pour d' autres ces deux dates ont valeur d'aubaine parce qu'ils n'accueillent pas, le reste du temps, les touristes ou seulement contre espèces sonnantes et trébuchantes !
Les Journées du patrimoine ambitionneraient, paraît-il, de séduire un large public peu coutumier de cette forme de tourisme : la gratuité des visites puissamment incitatrice, draine vers les musées ou les édifices historiques d'ordinaire payants une population nouvelle qui pourra, éventuellement, voire certainement, renouveler l'expérience, même si c'est alors, au prix légitime de l'acquittement d'un droit d'entrée.
Cet effort logique de promotion est loin d'être compris par tous les gestionnaires ou propriétaires de monuments et sites.
S'agissant des grottes ornées paléolithiques ont doit se féliciter de la gratuité d'accès à la grotte des Combarelles, à l'abri de Cap blanc… en revanche on peut déplorer que Rouffignac, l'abri Pataud, le Regourdou ou Villars, entre autres ne jouent pas le jeu… Heureusement le musée national de préhistoire des Eyzies a compris tout le bénéfice qu'il y avait à fermer, 48 heures durant, sa billetterie tout comme le musée de Périgueux.
L'amateur d'archéologie Gallo-romaine appréciera de ne rien débourser pour s'imprégner des vestiges troublants de la villa de Montcaret ; il tordra le nez, par contre, lorsqu'on lui réclamera 4,70€ pour visiter le musée Jean Nouvel autrement dit Vésunna censé présenter la domus de Vésone, l'antique Périgueux.
Les amateurs de châteaux pourront découvrir librement toute une kyrielle de demeures privées ; il en sera ainsi grace à l'obligeance des propriétaires de La Vassaldie (Gouts-Rossignol), de la Marthonie (St-Jean-de-Côle), des Bernarbières (Champeaux et la Chapelle Pommier) de la Roussie (Proissans), des Bories (Antonne & Trigonant),de Rognac (Bassillac) de la Faye (Auriac-du-Périgord), de Carlux, dans la commune éponyme etc, etc…
Pour forcer les portes de Beynac, Commarque, Jumilhac, Hautefort, Castelnaud, Monbazillac, l'Herm, Saint-Crépin de Richemont, Losse, de Fénelon … les mêmes ou leurs homologues devront toutefois allonger la monnaie. Il est vrai que le Conseil général de la Dordogne donne le mauvais exemple : tous les sites qu'il détient et dont il a confié l'exploitation à la Semitour (1) s'exonèrent des efforts financiers consentis par d'autres.
C'est le cas de Bourdeilles, Puyguilhem, Biron, du cloître de Cadouin… qui réclament 4,70 € par tête de pipe !
Chacun appréciera ! et sera libre de se détourner de sites privés ou institutionnels ambitionnant uniquement de « manger leur pain du côté du beurre ». Chacun aussi pourra regretter que figurent sur le catalogue des Journées européennes du patrimoine tant d'entreprises touristiques à vocation exclusivement financière.
Ch.C le 13/9/2007
(1) La Semitour gère L'abri Pataud, Le Musée Vésunna, Les châteaux de Puyguilhem, Bourdeilles et Biron ainsi que le cloître de Cadouin. Elle exploite aussi le Thot mais sa poule aux œufs d'or reste le décalcomaniaque Lascaux II.
A découvrir aussi
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 33 autres membres