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Jovelle : Plus de sous !

 

Plus de sous ! : Achetée il y a plus d'un an par le Conseil Général de la Dordogne, la grotte ornée paléolithique de Jovelle (La Tour Blanche) demeure aujourd'hui encore, comme c'était déjà le cas depuis la tempête de 1999 qui avait malmené le grillage interdisant l'accès du site aux vandales, dans un pitoyable état d'abandon.

Pour pénétrer dans la cavité, classée IMH depuis 18 ans, il suffit, gymnastique autorisée aux impotents, d'enjamber un gros arbre couché sur la clôture mise en place dès 1984 par la direction des antiquités préhistoriques d'Aquitaine. Situées essentiellement dans la zone vestibulaire de la cavité les gravures,  des représentations de mammouths majoritairement auxquelles s'ajoutent les images d'un cheval, d'un boviné et d'un bouquetin, restent exposées aux déprédations de visiteurs indélicats. Le sol archéologique de ce sanctuaire qui pendant des millénaires, n'a cessé d'être occupé constitue un véritable trésor scientifique susceptible d'exciter la convoitise de fouilleurs clandestins. Il est d'ailleurs miraculeux que des saccages n'aient pas encore eu lieu !

Si dès l'annonce de sa découverte (1) considérée « d'importance mondiale » par le ministère de la culture  la grotte a suscité le plus vif interet des spécialistes c'est que le remplissage sédimentaire envahissant sa galerie masque partiellement, et peut-être même recouvre en totalité, certaines œuvres gravées 25 000 ans avant le présent comme  beaucoup l'estiment en fonction de comparaisons stylistiques assurées. De la sorte il sera éventuellement possible, à l'issue de fouilles futures, d'approcher au plus près la période d'exécution d'un décor pariétal rapporté à l'inter Gravetto-Solutréen. Ramené au jour par les animaux fouisseurs l' important mobilier, céramique osseux lithique, médiéval, gallo-romain, du second âge du fer, de l'âge du bronze, du néolithique vraisemblablement mais aussi et surtout attribué à de nombreuses séquences successives du paléothique supérieur, atteste l'exceptionnelle richesse d'un gisement demeuré pratiquement intact.

 En ce mois d'avril 2007 rien, hélas, n'a changé depuis l'acquisition du site. La grotte de Jovelle reste à l'abandon ! Vestiges d'une paroi malmenée par l'érosion et le travail des carriers qui exploitaient l'escarpement seuls quelques blocs (2) décorés épars gisant à terre ont bénéficié d'un bachage de protection contre les intempéries.

Voilà bien qui valait la peine de s'en porter acquéreur … heureusement pour le contribuable la somme payée à l'ancien propriétaire serait moins que rondelette. Apparemment le service département de l'archéologie n'a pas les moyens de ses ambitions en matière de préservation de cet exceptionnel patrimoine. Sans doute la joyeuse troupe du PIP (Pôle international de préhistoire, une usine à gaz qui est la danseuse de l'exécutif périgourdin) phagocyte-t-elle le plus gros des enveloppes budgétaires afférentes.

 (1)Spéléologue et archéologue Ch.C. a découvert et exploré et étudié d'innombrables réseaux karstiques dont certains comptent parmi les plus importants de Dordogne, près d'une centaine de souterrains, divers gisements paléontologiques, plusieurs grottes sépulcrales protohistoriques, mis en évidence des villas gallo-romaines, des sites agricoles, funéraires et artisanaux médiévaux… Dans les années 80 il a surtout mis au jour 4 sanctuaires paléolithiques ornés de gravures pariétales dont 3 ont déjà bénéficié d'un classement I.M.H. Les résultats de ses recherches ont été publiés dans diverses revues locales et nationales et sont présentés dans son ouvrage « Découvertes souterraines en Périgord » Le Roc de Bourzac 1991.

(2)L'un d'entre eux, pourtant, reste exposé à l'air libre : il s'agit d'une meule de moulin monolithe dont la présence, à l'avant du porche de la caverne, demeurerait tout à fait étonnante si , à peine 200 mètres de là, on n'avait également mis au jour un petite taillerie de meules identiques. Cette modeste carrière d'où à peine plus d'une dizaine de ces lourds cylindre de calcaire ont été retirés s'est développée au détriment d'un banc rocheux de l'Angoumien supérieur. Les cuves et les alvéoles d'extraction coalescentes qui se superposent de part et d'autre de l'orifice d'un conduit karstique à voute surbaissé ne constituent certainement pas les seules traces de cette activité au flanc du plateau. D'autres peuvent demeurer masquées par la végétation … certaines peuvent avoir été emportées par l'exploitation du matériau calcaire pratiquée ici de manière intensive de la fin du XIXème siècle jusqu'à la veille de la seconde guerre mondiale. À la périphérie ou en surplomb de la grotte ornée un atelier aujourd'hui disparu a pu exister dont cette unique meule porterait le témoignage. Des prospections attentives pourraient tirer l'affaire au clair !

 

 Jovelle : La machine à remonter le temps consulté 2250 fois depuis son classement en archives. Nombreuses illustrations en ligne.

 



24/09/2007
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